Prix Tartuffe 2008

Le prix Tartuffe 2008
est décerné à Emmanuel Pierrat, Magali Lhotel, Florent Latrive, Sophie Viaris de Lisegno, Aurélie Chavagnon, Geoffroy de Lagasnerie, Caroline Fourest, Fiammetta Venner, Béatrice Chapaux, Guillaume Sauvage, Flore Masure, auteurs de l’ ouvrage collectifLe livre noir de la censure” (Seuil, 2008).

 
Créé en 2004 par Orphéon - Bibliothèque de théâtre Armand-Gatti, l'Observatoire de la censure réunit des artistes, écrivains, éditeurs, programmateurs, bibliothécaires, journalistes.
C'est un lieu de réflexion et d'information sur la censure et l'autocensure. Il décerne chaque année le Prix Tartuffe à un écrivain ou artiste victime de la censure, ou à un livre qui défend la liberté d’expression.
 

 



  De janvier à décembre, journal de l'année 2008
 

4 janvier 2008 :
“Lost in Beijing” retiré des écrans chinois.
La censure chinoise a ordonné le retrait des écrans du film "Lost in Beijing" de la réalisatrice Li Yu pour pornographie. L'un des autres griefs à l'égard du film est d'avoir présenté une version non approuvée par la censure au 57ème Festival du film de Berlin en février 2007. Les responsables de la Laurel Film, une maison de production de Pékin indépendante, sont interdits de production pendant deux ans. La réalisatrice et les acteurs devront faire leurs auto-critiques. Un des films coproduits par Laurel Film, "Palais d'été" avait déjà eu des problèmes en 2006: son réalisateur Lou Ye a été interdit de tournage pendant cinq ans pour avoir présenté son film à Cannes en 2005, sans l'autorisation nécessaire. (AFP)
 
 
 
       
 
9 janvier 2008 : Affiche censurée au Japon.
La JR East (compagnie des chemins de fer de l’est du Japon) a refusé cette année d'apposer des affiches d'un festival millénaire montrant des hommes nus, sous pretexte de harcèlement sexuel. Des milliers de touristes viennent chaque année en février à Oshu assister au festival Somin, au cours duquel des hommes nus ou simplement vêtus d'un pagne, forment des pyramides humaines et s'ébattent dans un bain afin de se purifier et s'attirer de bons présages. L'affiche montre un Japonais d'âge moyen, barbu, la poitrine velu, avec en arrière-plan une rangée d'hommes vêtus d'un pagne semblable à celui des lutteurs de sumo. Kumiko Chiba, chargée du festival à la mairie d'Oshu, a confirmé que l'affiche avait été soumise à la JR East en novembre et qu'à sa demande, des pagnes avaient été rajoutés sur le sexe des hommes mais qu’elle avait été de nouveau refusée. L'an dernier, l'affiche ne montrait que des statues bouddhistes. En 2006, le montage photo était quasiment identique, à l'exception du fait que l'homme au premier plan n'exposait aucune pilosité. (AFP)
       
 
9 janvier 2008 : Retouche et maquillage en France.
On connaissait les photos retouchées de l’ère stalienne où l’image de personnalités politiques entourant Staline était savamment effacée, signe de leur disgrâce et de leur disparition: réécriture de l’histoire. Avec l’extension des champs du “politiquement correct”, la cigarette a disparu de portraits de Malraux ou de Sartre. Après les bourrelets gommés par Paris- Match sur une photo du président, les jambes et le fessier de Simone de Beauvoir ont été retouchés sur la photo de couverture du Nouvel Observateur du 3 janvier. (Le Canard enchaîné)
       
 
16 janvier 2008 : Retouche et maquillage, suite.
La photo de Simone de Beauvoir a été prise à Chicago, durant l’été 1950 par le photographe Art Shay, ami de l’écrivain Nelson Algren. Elle a été publiée dans “Tête-à tête” de Hazel Rowley (Grasset, 2006). Sur le cliché original, on peut voir, sur la droite, certains détails embrumés par le Nouvel Observateur : “la serviette qui pend, une cuvette de chiottes”, un rouleau de papier hygiénique. (Charlie Hebdo)
 

 
27 février 2008 : Affiche censurée en France.
Métrobus, régie en charge de la publicité à la RATP a refusé d’afficher dans le métro la une de “Courrier international” titrant “France : Sarkozy, ce malade de l’ego”. Dans le même temps, les 600 points de vente Relais H recevaient de leur direction un courriel leur demandant impérativement avant d’installer l’affiche de découper le bandeau rouge indiquant “France...malade” . (Le Canard enchaîné)
   
10 mars 2008: Parution de “Avalanche” de Tuncer Cücenoglu.
Tableau d’une communauté qui vit repliée sur elle-même, cernée par les montagnes, sous la menace d’un cataclysme naturel: une avalanche qui risque de la détruire. Ce microcosme est inaccessible neuf mois par an. De la première chute de neige jusqu’à ce que l’abreuvoir dégelé soit à nouveau plein à ras de bord, cette société vit dans la peur, le silence absolu: paroles mesurées, pas de cris, pas de bruits, pas d’animaux, pas d’enfants. Une vie feutrée, étouffée. Durant les trois mois d’été, les jeunes partis travailler à l’étranger reviennent au pays pour visiter leurs parents et les ravitailler. Dans le lieu clos d’une maison, trois générations d’une même famille : la jeune bru, 18 ans, et son mari ont respecté le calendrier, enceinte elle devrait accoucher dans un mois mais ce matin, elle ressent les premières contractions... et les cris du nouveau-né prématuré risquent de provoquer la catastrophe. Avalanche est suivie d’Impasse, une autre pièce de Tuncer Cücenoglu: une jeune femme attire dans un piège le policier qui sept ans auparavant l’a torturée et a tué son mari. Pour échapper à la censure turque, le dramaturge a déplacé l’action en Grèce en 1967, après le coup d’État de Papadopoulos.
En 1981, Tuncer Cücenoglu a obtenu le prix Abdi Ipekçi, prix créé en mémoire d’ Abdi Ipekçi, journaliste, rédacteur en chef du quotidien Milliyet assassiné le 1er février 1979 devant son domicile à Istanbul par Mehmet Ali Agca.
 
prix tartuffe Orphéon Theatre interieur
 
 
20 mars 2008 : Floutage des mineurs.
Suite à un référé de la Protection judiciaire de la jeunesse, “Délits mineurs”, documentaire de Rémi Lainé et Sophie Simonot, a été déprogrammé sur Arte pour n’avoir pas préservé l’anonymat des mineurs en floutant leurs visages. Pour rappel, le tournage avait été autorisé par les autorités et tous les protagonistes (mineurs, parents, éducateurs) avaient souhaité apparaître à visage découvert. En 1992, “Les enfants du juge Véron”, quatre films de Lainé et Karlin présentant à visage découvert des mineurs suivis par la justice, n’avaient pas été interdits. (Libération)
   
21 mars 2008 : Annonce à Paris des Big Brother Awards France.
Une fois de plus cette année, Nicolas Sarkozy était hors compétition. Dans la catégorie Orwell “pour l’ensemble de son oeuvre”, le gagnant est Google inc, responsable de “collecter des données personnelles à large échelle en refusant de se soumettre aux lois européennes, de filtrer des moteurs de recherche, de censurer politiquement des résultats, de sélectionner de façon subjective des sources d’actualités... Google n’en reste pas là et se lance maintenant dans la récupération planétaire de votre ADN.”
Pour tous les résultats du palmarès 2007:
http://bigbrotherawards.eu.org/
 
 

29 mars 2008 : Goudronnage des mots à Cuers.
La Ville de Cuers a porté plainte contre l’auteure et artiste, Caroline Amoros de la compagnie Princesses Peluches pour “dégradation de la voie publique”, suite à une représentation de son spectacle de théâtre de rue déambulatoire“Kristin”. Il est reproché en autres à l’artiste d’avoir écrit sur la voie publique cinq phrases : “Kristin, 52 ans cherche travail” - “Pour vivre sans ce soucier de sa propre origine, il faudrait peut être ne pas cesser de danser “- “Être précaire, c’est subir la loi qu’un autre édicte mais ne subit pas”- “Je me révolte donc nous sommes” - “Je suis une peau rouge qui jamais ne marchera en file indienne”.
Si le spectacle a pu avoir lieu, son contenu a largement été amputé et brouillé : le maire ayant fait recouvrir par une couche de peinture noire goudronnée ces cinq textes brefs, indispensables pour la compréhension du spectacle, l’artiste ne parlant à aucun moment.

Pour voir la vidéo "Goudronner les mots " en ligne sur Dailymotion
http://www.dailymotion.com/video/x4zp37_goudronnerlesmots_creation

Pour signer la pétition de soutien à Princesses Peluches et Orphéon, en ligne sur le site de la Fédération nationale des arts de la rue :
http://www.lefourneau.com/lafederation/Petition-de-soutien-a-la-compagnie.html

Dossier complet sur le site de la Ligue des droits de l’homme :
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2623

   
 
 
30 mars 2008 : “ Les Versets sataniques” joués dans un théâtre allemand.
Une adaptation des "Versets sataniques" de Salman Rushdie, mise en scène par Uwe Eric Laufenberg a été créée en première mondiale sous protection policière, au théâtre Hans-Otto de Potsdam, près de Berlin. Les éléments ayant déclenché en 1989 la colère d'une partie du monde musulman et valu à Salman Rushdie une fatwa de l'imam Khomeiny le condamnant à mort, ont été conservés, notamment les scènes où le personnage du prophète Mahound, abusé par Satan, prêche la croyance en d'autres divinités qu'Allah, avant de reconnaître son erreur et de se rétracter. Le spectacle est parfois peu consensuel sur la forme: ainsi cette scène d'attentat terroriste, perpétré par une femme voilée qui, en soulevant sa robe, montre son ventre bardé d'explosifs, mais également son sexe. (AFP)
   
 
4 avril 2008 : “Yasukuni” retiré des écrans japonais.
Le film documentaire du réalisateur chinois Li Ying a été retiré des salles de cinéma à Tokyo et à Osaka, sous la pression de groupes nationalistes d’extrême droite qui lui reprochent d’être antijaponais. L’auteur montre notamment des photos du massacre de la population civile de Nankin qui fit 200 000 morts selon les Chinois. Construit en 1869, Yasukuni est le sanctuaire national consacré aux morts pour la patrie. Depuis 1970, y sont honorés sept criminels de guerre condamnés en 1948 par le Tribunal international de Tokyo. (Le Monde)
 
4 avril 2008 : La municipalité de Tokyo condamnée pour avoir sanctionné des enseignants qui refusaient de chanter l’hymne national.
Depuis 2003, une directive de la municipalité de Tokyo obligeait les enseignants à se lever à l’envoi des couleurs et à faire chanter à leurs élèves l’hymne national (Kimigayo) sous peine de sanctions (séances de rééducation, réduction de 10% du salaire, suspension d’enseignement pendant six mois, ). En septembre 2006, le tribunal a reconnu le bon droit de 400 enseignants qui avaient été punis. Le juge a fait valoir que l’obligation de chanter Kimigayo assortie de sanctions, est contraire à la loi fondamentale sur l’éducation, qui interdit au gouvernement ”toute intervention excessive” dans l’enseignement. Il a statué que “forcer quiconque à chanter Kimigayo est une violation de la liberté de pensée et de conscience” et a condamné la ville à payer 12 millions de yens en dédommagement des plaignants (Le Monde)
   
4 avril 2008 : Déprogrammation d’un spectacle Beckett à Cuers.
Après avoir fait goudronner Camus, porter plainte contre l’artiste et auteure Caroline Amoros pour “dégradation de la voie publique et outrage au drapeau national” le nouveau maire de Cuers déprogramme le spectacle Beckett (Berceuse, Fragment de théâtre 1, Acte sans parole 2) qui devait être présenté à Cuers le 22 avril par la compagnie La Triade et suspend la saison théâtrale de l’Abattoir jusqu’en octobre.
 
7 avril 2008 : Une pièce de théâtre interdite au Daguestan.
"Entre tes mains", pièce de théâtre de Nathalie Pelevine, mise en scène par Skandarbek Toulparov a été interdite à Makhatchkala, capitale du Daguestand, voisine de la Tchétchénie, suite à la première représentation. Jouée au New End Theatre de Londres en 2006, la pièce raconte la prise d’otages par un commando tchétchène de 850 personnes dans le théâtre de la Doubrovka, à Moscou (23 au 26 octobre 2002). Le drame s'était terminé par la mort de 130 otages dont la quasi-totalité tuée par le gaz utilisé par les forces spéciales russes pour neutraliser le commando. (AFP)
 
10 avril 2008 : Autocensure au musée d’ethnologie de Bordeaux.
François Hubert, directeur du Musée d’Aquitaine a fait décrocher six photos de Christian Delecluze quelques heures avant l’inauguration de l’exposition “Humain, trop humain”.“Mais que représentaient donc les œuvres décrochées avant ouverture de l’expo ? Des massacres, la mutilation des corps, la guerre, la religion dans toute son sordide culte de mort ? Montraient-elles ces insupportables pilleurs qui privatisent la misère, la faim et les ressources de base, après avoir privatisé l’eau, la terre et bientôt l’air que nous respirons ? Ou encore des œuvres de propagandes supposées nous faire croire que le sourire des parisiennes pendant l’occupation n’était autre chose qu’une mise en scène ?Non, ces images représentent des nus. Des nus ? Rien de bien scandaleux, quand on se souvient, qu’il y a quelques jours, une photo très dénudée de la dame de « monmari » se vendait cher chez un marchand d’art. Des nus, donc. Pas des nus de « dames » aux poses lascives et suggestives. Non celles-ci sont et resteront longtemps à la hauteur des yeux des mômes. Le porno chic ça fait vendre. Des nus, donc. Bien, mais alors quels nus pourraient bien provoquer l’ire potentielle d’association et le geste de lâcheté d’un conservateur. Des hommes nus et leur progéniture masculine. Des pères et leurs fils. Nus.”(Adeline Bronner) “Pourtant, lors de la sélection des photos, il y a plusieurs mois, le travail sur les pères, réalisé par Christian Delecluse n’avait pas soulevé de questions. Il s’agit d’une série ancienne, réalisées entre 1993 et 1997, qui avait fait l’objet d’un livre «Un tel père et fils» (éditions du Cercle d’art, 1998, avec un texte de Jean Vautrin), et d’une précédente exposition à la Fnac. Sans plus de remous. C’est d’ailleurs à la demande des commissaires d’exposition que l’ensemble avait été sélectionné. Mais il semble que ce soit au tout dernier moment, lors de l’accrochage de l’expo en début de semaine, que certains salariés aient manifesté leur émotion face aux photos incriminées. Ils auraient alors pris sur eux de contacter directement la mairie. Avant que le photographe ne soit à son tour convoqué.”( Laure Espieu, Libération )“Principe de précaution” avance le directeur du musée: “trait commun à tous les censeurs que d’agir à partir de scénarios-catastrophes composés à partir de mixtes improbables de réel, de rumeurs, d’idéologies, d’actualités médiatiques et de préjugés de toutes sortes.” répond André Rouillé (Paris Art http://www.paris-art.com)
Voir aussi : http://www.poptronics.fr/Humain-trop-humain
 
11 avril 2008 : Attaque contre la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti.
Après avoir goudronné Camus, déprogrammé Beckett, le nouveau maire de Cuers envoie un serrurier qui tente de changer les verrous de la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti.
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2632
 
23 avril 2008 : Cuers, remise du prix Tartuffe 2007 à Bernard Joubert
“Le livre qui mériterait d’être interdit avant tous les autres serait un catalogue des livres interdits” écrivait Lichtenberg (Aphorismes IV).C’est ce qui a valu le Prix Tartuffe (4) à Bernard Joubert , auteur du “Dictionnaire des livres et journaux interdits par arrêtés ministériels de 1949 à nos jours”. Il lui a été décerné le mercredi 23 avril 2008, à 19h, dans le cadre de la “Journée mondiale du livre et du droit d’auteur” initiée par l’Unesco, en présence de Pascal Larderet de la compagnie Cacahuète (prix Tartuffe 2004 pour leur spectacle interdit “L’enterrement de maman” ). Deux heures auparavant, 250 manifestifs en rouge et blanc, un livre et une rose blanche à la main avaient déambulé dans le centre-ville de Cuers pour dénoncer l’actuelle “marée noire sur la poésie”, rappeller que “les artistes et les albatros n’aiment pas le goudron”, défendre le droit à la liberté d’expression artistique dans l’espace public.
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2647
 
 
24 avril 2008 : Brûler “le Juif” à Lisbonne.
L’entrée à la Comédie-Française de la pièce pour marionnettes “Vie du grand dom Quichotte de la Manche et du gros Sancho Pança”, dans la mise en scène d’Émilie Valantin, fait resurgir en mémoire son auteur, le dramaturge Antonio José da Silva. Né en 1705 au Brésil, à Rio de Janeiro, il suit en 1712 sa mère accusée de judaisme et déportée au Portugal pour être jugée. En 1726, il est arrêté et torturé par l’Inquisition: les doigts brisés, il ne pourra plus jamais signer de son nom. Auteur de huit pièces jouées entre 1733 et 1738, il est arrêté, condamné à mort, décapité puis brûlé en 1739. ( Le Monde - L’Avant-scène Théâtre n°1243)
 
24 avril 2008 : “Marie-Antoinette” contre “Figuration narrative” à Paris.
Pour que l’exposition “Marie-Antoinette” bénéficie de toute la place voulue, le parcours de la “Figuration narrative” dans les galeries du Grand-Palais a été amputé d’un quart à un tiers de sa surface. Résultats: tableaux accrochés si proches les uns des autres qu’ils finissent par se contaminer ou par se combattre, inégalités de traitement des artistes, nombre limité d’assemblages et installations, archives réduites à si peu que l’action des artistes en Mai 1968 est plus mentionnée que montrée, bande-son mozartienne de l’exposition Marie-Antoinette qui parasite des entretiens avec les artistes du mouvement...(Le Monde) “ (...) de manière induite ou anonyme, beaucoup (de plasticiens) sont censurés - ou du moins leurs travaux malmenés - car ils sont tout simplement mal considérés par ceux qui les exposent” écrivait, en 2003, Éric Mangion, directeur du Frac Paca.
 
30 avril 2008 : Relire “Les Intérêts du temps” de Stéphane Zagdanski (Gallimard, 1996)
"Le vieux souci de propagande, l’antique marée de désinformation massive a enfin trouvé une technologie qui lui va comme un gant de velours. Un programme de simulacre suprême est en train de s’implanter inéluctablement sous nos yeux – que dis-je : sur nos yeux –, qui vise de façon manifeste, bien que personne ne paraisse s’en rendre compte, à l’anéantissement pur et simple de la littérature.
(...) bizarrement, la Censure a toujours été plutôt malhabile. Comme si, tout compte fait, elle aimait bien l’écriture. La Censure constitue en soi une reconnaissance, un sceau négatif de la haute valeur du sujet qu’elle poursuit et qui lui échappe toujours puisque c’est précisément en tant qu’il lui échappe que la Censure prend la peine de s’y intéresser.(...) Le vingtième siècle aura beau être allé passablement loin dans la voie du décervelage collectif, de l’abrutissement des masses, de la lobotomisation populaire et de la camisolation forcenée de tout-un-chacun, eu égard à la finalité du projet le résultat est un échec. La gloire a survécu à tout. Proust, Kafka, Joyce, Céline, Nabokov, Borges, Hemingway, Faulkner, Artaud, Bataille… Sacré reste. Défaite indiscutable de la Censure (...) Puis, enfin, après bien des siècles de bourdes et d’approximations sanglantes, la Censure a trouvé le truc.(...) Attaquons-nous directement à la déréalisation intestine du réel, œuvrons à la virtualisation totale du monde, portons dorénavant tous nos efforts sur le consommateur. Abolissons substantifiquement le lecteur, pense la Censure, et il n’existera plus d’écrivain.La Censure se mit donc en tête de distraire le Lecteur de son attirance pour l’Écrivain. « Distraction », tel aura été le fin mot de cette guerre immémoriale. L’Écrivain possède le secret de l’attirance, emparons-nous de celui de la distraction. Développons l’attraction sous hypnose, promouvons l’édification par l’image."
http://www.arte.tv/fr/art-musique/die-nacht-la-nuit/Au-programme-ce-mois-ci/La-Nuit/2015922.html
 
30 avril 2008 : Petite avancée de la liberté d’expression en Turquie.
Le Parlement turc, au terme de débats houleux, a réformé l’article 301 du code pénal réprimant le “dénigrement de l’identité turque”. Ce texte avait permis de poursuivre des dizaines d’écrivains, dont Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature 2006. Désormais, il sera interdit de critiquer “ la nation turque”, les poursuites ne pourront être engagées qu’avec l’accord du ministère de la justice, la peine sera moins lourde: deux ans de prison au lieu de trois. (Arte /AFP)
 
3 mai 2008 : Journée mondiale de la liberté de la presse, à l’initiative de l’Unesco.
Depuis le début de l’année 2008, 9 journalistes ont été tués. 130 sont détenus en prison. À cette occasion, Reporter sans frontières publie un rapport sur la situation en Europe. Au Danemark, le 11 février 2008, la police a déjoué un projet d’attentat contre Kurt Westergaard, 76 ans, auteur de la caricature de Mahomet au turban. Depuis il est contraint de vivre sous la protection des services secrets danois et de changer de maison toutes les deux semaines. En Suède, en 2006, deux tiers des rédacteurs en chef des journaux ont dit avoir reçu des menaces. En Bulgarie, le 9 février 2007, une journaliste de l’hebdomadaire Politika, qui enquête sur un projet immobilier est menacée d’être aspergée d’acide par deux hommes...

 
5 mai 2008 : Lire “Le livre noir de la censure”
sous la direction d’Emmanuel Pierrat (Seuil, 2008). - 348p.
Six avocats, une magistrate, trois journalistes, un enseignant pour dix contributions bien informées sur les nouvelles et innombrables formes d’atteinte à la liberté d’expression. Oui, la censure existe, ce n’est pas un fantasme. Démonstration à l’appui dans dix domaines précis.
Dans le premier chapitre, Emmanuel Pierrat met en lumière les multiples textes repressifs qui, depuis une vingtaine d’années, sont venus compléter en France un dispositif de vieilles lois, jamais abrogées, en sommeil. Ceux concernant les droits de la personnalité ne sont pas les moins nombreux. Ils recouvrent le respect de la vie privée, le droit à l’image, le droit à la voix, le droit au nom.
Magali Lhotel s’intéresse à l’autocensure, “forme suprême de la censure” phénomène de société qui peu à peu contamine tous les individus dans tous les secteurs, les dotant d’une langue de bois. Si l’un des exemples le plus évident est celui du rappeur Joey Starr retirant en 2006 de son album solo le titre “Tiens ta femme et tu tiendras la France” sous la pression de son producteur Sony, elle analyse aussi des mécanismes moins connus comme les codes d’ “autorégulation” mis en oeuvre par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, l’industrie du jeu vidéo ou le Bureau de Vérification de la Publicité.
Comme le montre Florent Latrive, l’Internet n’est pas une zone de non-droit. Sous surveillance, le réseau est chaque jour de plus en plus menacé par l’installation de péages et de filtres: en 2004, le journaliste chinois Shi Tao condamné à dix ans de prison, suite à la collaboration de Yahoo avec la police chinoise l’a appris à ses dépends.
Le monde du marché n’échappe pas au contrôle étroit de l’information; celle-ci ayant une influence directe sur les ventes, de plus en plus de sociétés interdisent préventivement à leurs salariés de publier des ouvrages susceptibles de mettre en cause leurs intérêts. Attention aux petits curieux prévient Sophie Viaris de Lisegno.
Tandis que Aurélie Chavagnon analyse la notion d’ “outrage aux bonnes moeurs”, Geoffroy de Lagasnerie dénonce l’hypocrisie de lois qui sous le prétexte de protection de l’enfance et de la jeunesse “servent parfois à interdire des oeuvres qui n’étaient en aucun cas susceptibles d’être vues ou perçues par des jeunes.”
Caroline Fourest et Fiammetta Venner reviennent sur les différentes affaires liées au retour en force des religions et à la notion de blasphème de “La dernière tentation du Christ” aux caricatures de Mahomet en passant par “Les Versets sataniques” de Salman Rushdie ou le procès de Michel Houellebecq.
Si le droit international reconnait aux minorités (raciales, ethniques, sexuelles, religieuses...) les mêmes droits que ceux de la majorité, les approches sur ce point sont très différentes d’un État à l’autre. Béatrice Chapaux examine le sort reservé au “droit de parole” octroyé ou au contraire opposé à ces minorités, à qui les textes théoriques assurent un “statut” particulier.
Guillaume Sauvage s’intéresse aux multiples limitations posées par l’État: secret défense (“toutes les informations relatives à la surveillance des matières nucléaires et à leur transport relèvent du secret défense”), secret de l’instruction, devoir de réserve de la magistrature de l’armée, de la police, interdiction au criminel d’écrire un livre portant sur l’infraction pour laquelle il a été condamné...
Flore Masure questionne les rapports santé publique-pouvoir-industries (pharmaceutique, cosmétique, du tabac, OGM...). Deux cas parmi d’autres: depuis le 6 janvier 2006, il est interdit d’utiliser et de recommander le purin d’orties, comme engrais agricole; en juillet 2006, l’association Greenpeace est condamnée pour avoir diffusé sur son site les noms et prénoms de deux agriculteurs, les coordonnées GPS et les photos aériennes de leurs parcelles de maïs génétiquement modifié.
Après lecture de ce livre qui présente les principales atteintes à la liberté d’expression et démontre comment elles touchent des pans entiers de la vie quotidienne de chaque citoyen, une question vient à l’esprit: la liberté d’expression serait-elle une illusion?
 
 
7 mai 2008 : Une démocratie asphyxiée.
Publication à La Découverte du rapport de la Ligue des droits de l’homme sur l’état des droits de l’homme en France.
Extrait. «Le fichier "Base-élèves" est un bon exemple des pratiques de fichage systématisé et du nouveau contrôle social. Tandis que le ministère de l’Education nationale fait le forcing pour convaincre les directeurs d’école de ses mérites, les parents d’élèves découvrent avec stupeur que ce fichier permettra de conserver pendant quinze ans quantité d’informations sur leurs enfants. Les décrets relatifs à la loi "de prévention de la délinquance" commencent à sortir et les maires sont désormais habilités à se constituer une base de données à partir des informations qu’ils auront récoltées auprès des directeurs d’école, des caisses d’allocations familiales et des inspecteurs d’académie.
La LDH et ses partenaires demandent que les différents fichiers qui relèvent de l’Education nationale fassent l’objet d’une information préalable aux parents, d’un débat démocratique sur leur contenu et présentent des garanties quant à la confidentialité et aux possibilités de centralisation ou d’interconnexion des données enregistrées. Une exigence minimale.
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8 mai 2008 : Exposition “Images mensongères, au musée de la communication de Berne.
Si nous sommes habitués à faire preuve d’esprit critique envers les textes et à remettre en question leur véracité et leur intention, nous prenons les images comme le reflet de la réalité. Nous ne doutons guère de leur objectivité, nous croyons en leur authenticité. Mais les images peuvent mentir tout autant que les mots. Jamais les possibilités de traitement de l’image n’ont été si nombreuses, les outils pour ce faire si répandus et les résultats si parfaits qu’aujourd’hui, à l’âge de l’ordinateur personnel. Et cette évolution semble sans fin. L’exposition «Images mensongères» s’interroge sur l’objectivité des images et illustre la problématique de la manipulation des et par les images. Quelque 300 exemples datant des 100 dernières années illustrent les trois grands modèles d’images mensongères:la transformation de l’image (manipulation d’images existantes); la falsification du texte et du contexte (manipulation de l’interprétation); le mensonge à l’aide d’images réelles (images posées, mises en scènes)”. Jusqu’au 6 juillet 2008.
 
1er juin 2008 : Le maire de Cuers s’attaque frontalement à l’association culturelle Orphéon.
Dans un article paru dans Var Matin, le maire de Cuers annonce qu’il déplace sa plainte, déposée auparavant contre l’artiste Caroline Amoros, sur la présidente d’Orphéon, rendue responsable de dégradations de la voie publique et d’outrage au drapeau national.
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2718
 

9 juin 2008 : Lire “Histoire universelle de la destruction des livres” de Fernando Baez. (Fayard, 2008. - 528p)
Un inventaire méthodique de toutes les atteintes contre les écrits et les livres, à travers les siècles, dans tous les pays, jusqu’à aujourd’hui.
À ce jour, la destruction préméditée de livres représente 60% de cette chronique d’infamies, qu’il s’agisse des tablettes sumériennes ou de ce bibliothécaire français qui, en 2002, brûlait des livres hébreux...Les 4O% restants de dommages infligés aux livres sont imputables à des facteurs hétérogènes parmi lesquels les catastrophes naturelles (incendies, ouragans, inondations, temblements de terre, raz de marée, cyclones, moussons...), les accidents (incendies, naufrages, etc.), les animaux (mites, souris, insectes...), les changements culturels (extinction d’une langue, modification d’une mode littéraire); sont également en cause les matériaux qui ont servi à fabriquer les livres (la présence d’acides dans le papier du XIXème siècle a détruit des millions d’ouvrages) . (...) à la minute où vous lisez ces lignes, un livre au moins est en train de disparaître à jamais.”

 
21 juin 2008 : Musée virtuel de la censure en Hollande.
Ce musée virtuel présente des oeuvres jugées offensantes ou qui ont été censurées.Le texte est en néerlandais, mais les images sont parlantes.
http://verlichtingshumanisten.web-log.nl/photos/test_fotoalbum/index.html
 

26 juin 2008 : Du délit d’outrage comme menace à la liberté d’expression.
Dans ce livre adressé au garde des Sceaux, les deux auteurs dénoncent le caractère profondément injuste de ce délit où le principe d’égalité est bafoué, l’agent constateur étant en même temps la victime, donc juge et partie. Faisant remarquer que le délit d’outrage sert trop souvent à couvrir des abus de pouvoir, des violences policières, ils demandent qu’il soit dépénalisé, comme c’est le cas en Argentine, au Paraguay ou au Guatemala. Jean-Jacques Reboux est jugé le 27 juin 2008 pour avoir contesté comme imaginaire un procès-verbal et avoir appellé “espèce de p’tit canard” le policier qui le verbalisait. Romain Dunand a été condamné le 14 février 2008 à 800 euros d’amende pour outrage à Nicolas Sarkosy. Le 19 décembre 2006, afin de protester contre l’arrestation d’un militant de RSF qui s’était opposé à l’arrestation d’un étranger sans-papiers, il avait adressé un courriel à Claude Guéant, directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, dans lequel il avait écrit: “Voilà donc Vichy qui revient. Pétain a donc oublié ses chiens.”

 
1er juillet 2008 : Naissance du fichier Edvige ou le soupçon généralisé.
Edvige, acronyme pour “Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale”, est un nouveau fichier. Il concerne toutes les personnes physiques âgées de plus de 13 ans, les "individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collectives sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public". Il est chargé de contenir les données personnelles: état civil, adresses, téléphones et courriels, caractères physiques, photographies, informations sur le comportement, la vie sexuelle, l'appartenance religieuse ou ethnique, l'affiliation politique ou syndicale.
 
7 juillet 2008 : annulation d’un concert pour cause de refus de visas.
Le groupe congolais Konono ne pourra venir jouer le 27 juillet comme prévu à Arpaillargues (Gard) dans le cadre du festival Autres rivages.Pour l’organisateur du festival ”ce refus de visas est la conséquence directe du durcissement de la politique européenne d’immigration. L’espace Schengen est refusé à ces artistes qui disposent pourtant tous de passeports diplomatiques”. Connu pour sa collaboration avec Björk, Konono fait vivre grâce à sa musique des des dizaines de famille congolaises, et n’a jamais manifesté l’intention de quitter son pays (La Marseillaise)
 
10 juillet 2008, 11 h : Censure et fait du prince: Oh, les beaux jours ! à la Maison Jean Vilar, Avignon.
Les affaires de Cuers, Montélimar, Lauris, en attendant les autres qui se multiplient dès ce mois de juin et les coupes budgétaires dans le domaine des compagnies, nous font renouer avec les belles années 60 où les maisons de la culture éprouvaient tant de mal à fleurir dans des villes qui n’en voulaient pas !
Aujourd’hui revient le temps où toute proposition contraire à la joie populaire déclenche une haine irrationnelle dans un système démocratique en décadence. Le devoir de vigilance pour les uns, de tolérance pour les autres ne s’impose-t-il pas ?

Avec Émilie Valantin pour le Théâtre du Fust à Montélimar, Françoise Trompette et Georges Perpès de la compagnie Orphéon-Théâtre Intérieur de Cuers, Marc Netter pour le château de Lauris...
 
11 juillet 2008 : Un petit éditeur québécois mis en péril par une multinationale de l’or.
Après avoir essayé d’empêcher la parution du livre Noir Canada: pillage, corruption et criminalité en Afrique d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, Barrick Gold, la plus grosse société aurifère du globe, vient d’assigner en justice pour diffamation les trois auteurs et leur éditeur, la coopérative Écosociété. Barrick Gold réclame cinq millions de dollars canadiens à titre de dommages moraux et compensatoires, et un million à titre de dommages punitifs. Une telle somme représente 25 fois le chiffre d’affaires annuel de la maison d’édition et menace son existence. Les avocats de l’entreprise demandent également une injonction permanente pour empêcher les auteurs du livre de répéter leurs allégations, que ce soit verbalement ou par écrit. Pour la maison d'édition, il s'agit de poursuites- baîllons autrement appelées S.L.A.P.P., pour empêcher le débat. Le Slapp (homonyme de to slap, gifler, en anglais) ou Strategic Law-Suit Against Public Protestation, est une pratique répandue où une firme, risquant sa réputation à cause d'une dénonciation de ses méfaits cherche à museler ses opposants en leur intentant un procès dont les frais sont démesurés. Une autre société minière, Banro, ayant porté plainte, ce sont au total 6,94 millions d’euros qui sont réclamés à Écosociété. Une pétition de soutien est en ligne. (Le Monde)
 
11-12 juillet 2008 : Festival Musiques interdites à Marseille.
Depuis 4 ans, l’Opéra de Marseille, en coproduction avec le Consulat d’Autriche en France, fait le pari de redonner sons, corps et vie à des hommes et à leurs œuvres abandonnées au néant pour cause de haine et d’inculture. Après un colloque en juin sur le thème “Arts et dictatures”, deux concerts sont l’occasion de découvrir des oeuvres de compositeurs persécutés par le nazisme ou par le stalinisme. Le 11 juillet sera présenté l’oratorio Requiem – Terezin 1944 d’après le récit de Josef Bor et l’œuvre de Verdi. Le 12 juillet, l’hommage rendu à Nicolae Bretan, victime du stalinisme, avec la création de Golem et Arald, deux opéras en un acte, sera suivi de la création mondiale de Le Rabiot de Paul Aron Sandfort (rescapé de Terezin où il fut enfermé à l’âge de 12 ans), et de la Sonate de Terezin de Viktor Ullmann.
 
18 juillet 2008 : il y a 40 ans, interdiction de “La Paillasse aux seins nus”.
L’interdiction par le préfet du Gard, le 18 juillet 1968, de la pièce de Gérard Gélas pour “trouble à l’ordre public”, allait déclencher des réactions qui auraient pu entraîner la disparition définitive du Festival d’Avignon. Cette grave crise sera marquée notamment par l’arrêté du maire d’Avignon interdisant au Living Theatre de jouer dans la rue et par l’expulsion de la compagnie américaine de la ville.
 
 

19 juillet 2008 : Amnesty International renonce à sa campagne contre les Jeux olympiques en Chine.
À quelques semaines des Jeux Olympiques, Amnesty envisageait de lancer une grande campagne sur les droits de l'homme en Chine. Mais celle-ci, concoctée par l'agence TBWA, a été jugée trop brutale par la direction d'Amnesty, et trop anti commerciale par celle de TBWA. (Régis Soubrouillard)
http://www.marianne2.fr/Comment-Amnesty-a-censure-sa-propre-campagne-sur-les-JO_a89311.html

 

25 juillet 2008 : Un dessinateur licencié d'un journal satirique pour antisémitisme.
Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo a licencié Siné, dessinateur de presse emblématique depuis, notamment, ses dessins publiés en 1968 dans "L'Enragé" . Il lui reproche un texte "antisémite" écrit dans sa chronique "Siné sème sa zone", publié le 2 juillet 2008 par l'hebdomadaire.
http://www.gloupgloup.be/#historique


Dessin de Plantu.

 
30 juillet 2008 : La Chine revient sur sa promesse de ne pas censurer l'Internet durant les JO.
Les  5000 journalistes étrangers, accrédités pour les JO de Pékin, n'auront qu'une version censurée de l'internet, contrairement aux promesses des autorités. Avec 253 millions d'internautes,  la Chine est le pays au monde qui compte le plus d'internautes,  devant les Etats-Unis. (AFP)
 
1er août 2008 : Plaintes d’organisations parentales contre des momies, en Angleterre.
Le musée de Manchester, après sondage de son public, revient sur sa décision et dénude trois momies “scandaleuses”. Le 21 mai 2008, suite à plusieurs plaintes d’associations de parents choqués par l’exposition de ces trois momies en mauvais état, laissant entrevoir leur intimité, le musée avait décidé de recouvrir d’un tissus les parties génitales incriminées.
(Manchester Evening News)
 
2 août 2008 : Une grenouille met en émoi le Bas-Tyrol italien.
Onze ans après la mort de son auteur l'artiste allemand Martin Kippenberger (1953-1997), une sculpture le représentant sous la forme d'une grenouille crucifiée une chope de bière et un oeuf dans chaque main scandalise le Haut-Adige. L'oeuvre avait été placée à l'entrée du nouveau musée d'art contemporain de Bolzano et accueillait les visiteurs.
Suite aux protestations, à une menace de grève de la faim, elle a été déplacée au troisième étage et dissimulée derrière des articles de journaux. Cette polémique intervient dans une région où le pape vient passer ses vacances et plus globalement dans un pays où depuis cinq ans l'espace public est le terrain d' une "guerre du crucifix". Le 15 août 2005, Benoît XVI avait déclaré que “Dieu devrait être visible au travers de la croix dans les maisons particulières et les établissements publics”. Le 21 février 2008, le juge Luigi Tosti a été condamné à un an de prison ferme et à une interdiction d’exercer sa profession pendant un an, pour avoir refusé de siéger dans une salle de tribunal à l'ombre d'un imposant crucifix. Luigi Tosti a fait appel. (Beaux Arts magazine / Deus ex machina)

 
5 août 2008 : “La Vérité dévoilée par le temps”, en Italie.
Une reproduction du célèbre tableau de Tiepolo avait été choisie par Silvio Berlusconi pour servir de toile de fond à la salle de presse du Palais Chigi à Rome. Le sein de la “Vérité” vient dêtre voilé, “pour qu'il n'apparaisse pas près du visage du chef du gouvernement italien et épargner ainsi la sensibilité de certains téléspectateurs.”( La Repubblica - La Croix - Le Monde).
 
22-24 août 2008 : Dire l’interdit à Saint-Chély-d’Aubrac.
Durant trois jours, la Treizième édition des Rencontres d'Aubrac s’interroge sur les instances de décisions, reconnues ou tacites, qui autorisent ou briment la libre expression, ainsi que sur les stratégies mises en oeuvre par les auteurs pour contourner les différents types d’interdit, quelle que soit l’époque et le contexte culturel. Au programme, une vingtaine d’interventions sur l’Inquisition, Giordano Bruno, le théâtre parodique Kyogen, “l’anti-évangile juif” les Toledot Yeshu, la Liste Otto sous l’Occupation... mais aussi des projection de films comme Tabou (Gohatto) de Nagisa Oshima et un récital de chansons interdites.
http://rencontresaubrac.free.fr/prog08.html
 
 
22 août 2008 : Interdite de sortie du pays pour avoir joué dans un film.
En Iran, les acteurs doivent obtenir l’autorisation du ministère de la culture pour pouvoir jouer dans un film étranger. Pour n’avoir pas respecté cette obligation et tourné dans un film américain aux côtés de Leonardo DiCaprio, l’actrice Golshifteh Farahani vient d’être sanctionnée: il lui est interdit désormais de passer les frontières iraniennes.
(Libération)
 
27 août 2008 : La photographie, art controversé.
Pour l’exposition “Controverses, une histoire juridique et éthique de la photographie”, présentée du 5 avril au 1er juin au musée de l’Élysée de Lausanne, les organisateurs s’étaient entourés de précautions: ils la déconseillaient aux personnes sensibles et au public âgé de moins de 16 ans; une vitre blindée avait été installée pour protéger ”Piss Christ”, une photo de 1987 d’Andres Serrano, montrant un crucifix en plastique baignant dans l’urine de l’artiste et du sang de vache. Suite au succès rencontré en Suisse, l’exposition devrait être présentée à la Bibliothèque Nationale de France du 3 mars au 24 mai 2009. À suivre...En attendant de la voir ou de la revoir, il est toujours possible de feuilleter le livre-catalogue édité par Actes Sud (315p, ill, mars 2008). En 73 photographies classées chronologiquement, Daniel Girardin, conservateur du musée de l’Élysée, et Christian Pirker, avocat spécialiste en droit de l’art, montrent comment, de 1840 à 2007, photo après photo, procès après procès, polémique après polémique, la photographie a été reconnue comme un art et comment s’est créée une jurisprudence. En exergue du livre, les deux auteurs, citant Bakounine rappellent : “Tout ce qui, en langage politique, s’appelle le droit n’est rien d’autre que l’illustration du fait créé par la force.”
 


Photo anonyme d'un gendarme français prise au camp de Pithiviers, le 17 avril 1941. En 1956, de peur de ternir l'image de la France, la commission de censure demande à Alain Resnais qui a intégré ce document dans son film Nuit et Brouillard, de l'enlever et devant son refus, interdit la sortie du film. Après tractations, le képi du gendarme sera effacé d'un coup de gouache, le film pourra sortir mais il lui sera interdit de concourir au Festival de Cannes.
Cf Controverses, pages 103-105.

 
28 août 2008 : Viré par son patron, il fonde un journal concurrent.
Pied de nez ou doigt d'honneur, le dessinateur Siné crée son propre journal, un mois après avoir été forçé de quitter Charlie Hebdo. Il s'appellera Siné Hebdo et sortira le 10 septembre 2008. (Libération)
 
 
29 août 2008 : Arrestation préventive d'un musicien à Cuba.
Gorki Aguila, chanteur du groupe punk-rock Porno Para Ricardo, qui avait été arrété à son domicile à La Havane pour "conduite présentant un danger pré-délictueux", risquait une peine de quatre ans de prison. Il vient d'être condamné pour "désobéissance" à payer une amende puis a été remis en liberté. Dans une de ses chansons irrévérencieuses, le groupe Porno Para Ricardo joue avec les mots et se moque du "Comandante" Fidel Castro qui a dû laisser le pouvoir à son frère Raul suite à un long "coma". (AFP)
 
4 septembre 2008 : Brûler sa guitare.
La première guitare brûlée par Jimi Hendrix, en 1967, vient d’être adjugée 346.000 euros au cours d'enchères à Londres. Hendrix avait mis le feu à sa Fender Stratocaster de 1965 lors d'un concert mémorable au Finsbury Astoria de Londres en mars 1967. Le chanteur-musicien avait été hospitalisé peu après, souffrant de brûlures aux main. (AFP)
 
5 septembre 2008 : Activités culturelles d’une association interdites par un maire.
Après avoir censuré le spectacle Kristin, prix SACD 2008 du meilleur spectacle de rue, après avoir porté plainte contre son auteure pour “dégradation de la voie publique et outrage au drapeau national”, après avoir déprogrammé la saison de l’Abattoir, après avoir tenté de faire changer les serrures de la bibliothèque Armand Gatti... le maire de Cuers (Var) franchit un nouveau cap: il suspend jusqu’à nouvel ordre “toutes les activités“ de l’association Orphéon. (Var Matin)
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2843
 
8 septembre 2008 : Projet de loi en Californie interdisant aux artistes de tuer ou de faire souffrir un animal.
En mai 2008, suite à des menaces de mort, de violences, d’attaques sexuelles contre le personnel de l’Institut d’Art de San Francisco, son directeur avait annulé l’exposition d’Adel Abdessemed (né à Constantine, Algérie en 1971) qui était prévue. “Don’t trust me”, l’oeuvre à l’origine de la déprogrammation est une vidéo, déjà présentée en France; elle montre l’abattage d’un mouton, d’un cheval, d’un boeuf, d’un porc, d’un bouc et d’une biche tués à coup de marteau. Suite à cette affaire, la ville de San Francisco vient de présenter un projet de loi qui permettrait d’inculper l’auteur ou le producteur d’une oeuvre “provoquant la mort, la maltraitance ou la souffrance d’un animal”. (Beaux Arts Magazine, n°291)
Voir aussi
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=440259
 
9 septembre 2008: Le Conseil Général du Doubs censure un livre pour la jeunesse qui raconte l’histoire d’un sans-papier.
Depuis cinq ans, le Conseil Général du Doubs qui organise le concours Litteratura jeunesse, publie le livre choisi par un jury de professionnels et invite le lauréat en septembre au salon du livre “Les mots Doubs”. Ce n'a pas été le cas en 2008. Le Conseil Général a décidé de ne pas publier le livre retenu cette année car “trop engagé”. “Demain je reviendrai” de Karine Epenoy est un album destiné aux enfants à partir de 6 ans; il raconte le parcours et la souffrance d’un immigrant clandestin, reconduit à la frontière. (RESF25 - Plein air)
Pour lire "Demain je reviendrai" de Karine Epenoy, cliquer ici • [pdf]
 
10 septembre 2008 : PIE ou décharge électrique filmée.
La nouveau modèle de Pistolet à Impulsion Electrique, 50 000 volts, d’une portée de huit à dix mètres, est capable de bloquer le système nerveux central. Il est équipé d’une caméra qui enregistrera chaque tir. (Var Matin)
 
14 septembre 2008 : Offense à chef d’État, outrage à la République...
Le 23 octobre 2008, un Mayennais comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Laval pour offense au président de la République. Il lui est reproché d’avoir exhibé le 28 août 2008, au passage du véhicule présidentiel dans cette ville, un écriteau citant les mots prononcés par le président lui-même le 23 février 2008 lors de son passage au Salon de l’Agriculture: « Casse-toi pov’con ». De son côté, la mère d’une lycéenne a été relaxée le 13 septembre par le tribunal de Paris. Le sous-préfet Lacave l’ accusait d’avoir crié “Sarko Facho” lors d’une manifestation dénonçant la récupération politicienne de la mémoire du résistant communiste Guy Môquet. Selon l’Observatoire national de la délinquance, les faits d’outrage à agents dépositaires de l’autorité sont passés de 17 700 en 1996 à 31 731 en 2007. Pour rappel, à l’ homme qui lui criait “Mort aux cons”, De Gaulle avait répondu “Vaste programme”; pour sa part, Jacques Chirac, traité de “ Connard” avait répondu: “Enchanté, moi c’est Jacques Chirac.” (Rue 89 /Le Monde /LCI)
 

16 septembre 2008: Censure de la correspondance... en temps de guerre.
Durant la guerre de 14-18, un jeune soldat convalescent quitte le front pour un bureau, comme les embusqués si critiqués. Placé sous l’autorité militaire de la commission chargée de la censure postale, il commence une carrière de “lecteur”. Il va “ouvrir jusqu’à 400 lettres par jour. Traquer les indiscrétions et le découragement, caviarder les passages indésirables, saisir les courriers pacifistes, désigner les soldats aux propos jugés non conformes au moral des troupes et de l’arrière.” La vie tranchée, roman de Bénédicte des Mazery (Anne Carrière, 2008) s’appuie sur des lettres authentiques conservées au Service historique de l’armée de terre, dans les cartons dédiés au contrôle postal durant la Première Guerre mondiale.


 
17 septembre 2008: Asphyxier un livre.
Sous la pression de l’APEAS (Association des parents d’enfants accidentés par strangulation), Gallimard cesse de diffuser “ L’île du roi Lézard “ de Ian Livingstone réédité en Folio Junior (Un livre dont vous êtes le héros). L’association de parents, qui informe notamment les familles sur les “jeux d’évanouissement”, avait pointé à l’éditeur une séquence où le héros manque de périr, étouffé par une plante carnivore. (Bernard Joubert, “Faut plus jouer au pendu” dans Sine Hebdo)
 
19 septembre 2008: Attaque contre la liberté de parole dans les prétoires.
Le bâtonnier de Saint-Pierre de la Réunion est poursuivi pour“avoir diffamé” la ministre de la justice, Rachida Dati. Au cours d’un procès où il défendait un client accusé d’avoir produit des faux documents, il avait fait allusion au fait, révélé par L’Express, que l’actuelle garde des sceaux prétendait avoir un diplôme (MBA) qu’elle n’avait jamais obtenu. La Conférence des bâtonniers rappelle que la mission de l’avocat implique “dans les seules limites de la préservation de l’ordre public, un droit d’expression absolu indépendant de toute soumission”. (Le Monde)
 

20 septembre 2008: Festimanifestation pour la défense des pratiques amateures et de la culture bretonne.
Cinq mille personnes ont défilé à Nantes contre l’avant-projet de loi du ministère de la culture encadrant la présence des artistes amateurs bénévoles dans le spectacle “vivant”. Elles protestaient contre un texte qui voudrait “faire de pratiquement toute activité culturelle une activité lucrative afférente au droit du travail et risque de faire disparaître une part essentielle de la vie sociale et culturelle de nos cités et régions en mettant en difficulté les associations de bénévoles qui y contribuent.” Elles manifestaient également pour le droit à l’expression de la culture bretonne et pour la réunification administrative des cinq départements bretons. (AFP - Agence Bretagne Presse)

 
25 septembre 2008 : Artiste dénoncé par un centre de tri postal.
Suite à un signalement de La Poste, la substitut du procureur de la République de Cahors vient d’ordonner une enquête préliminaire sur l’artiste de “mail-art” Philippe Pissier. Il lui est reproché d’avoir envoyé quatre cartes postales: destinées à une exposition d’art postal en Allemagne à laquelle il participe, elles représentent des poitrines nues de femme, avec sur chaque sein des pinces à linge. La gendarmerie a perquisitionné le domicile de l’artiste, saisi son ordinateur et d’autres oeuvres. Soupçonné de “trouble à l’ordre public et mise en danger du psychisme des enfants par une oeuvre pornographique”, Pissier risque trois ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende, en vertu de l’article 227- 24 du code pénal. (Libération)
Voir aussi Prix Tartuffe, 7 décembre 2007: “Michel Simon scandalise La Poste.”
 
26 septembre 2008: Droit à l’image, photographies maquillées...
Ce jour, l’hebdomadaire Paris-Match passe en procès pour avoir publié le 20 février 2008 dans le cadre d’un reportage sur une opération de police la photo d’un interpellé de Villiers-le-Bel en slip et menotté. Pour rappel, le 28 mai 2008, le même hebdomadaire avait été condamné pour avoir publié deux clichés de Ségolène Royal priant dans l’église du Saint-Esprit à Florence, prises à son insu et “sans son consentement”. Le 3 avril 2008, le parquet général de Reims avait retiré l'accréditation de l'hebdomadaire pour couvrir le procès de Michel Fourniret à la suite de la publication d'une photo montrant le tueur en série présumé, assis les bras croisés dans le box des accusés. D'après la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, tout enregistrement de son ou d'image est interdit dans l'enceinte d'un tribunal. Toute infraction est punie d'une amende de 4.500 euros, outre la confiscation du matériel à laquelle peut procéder le président de la cour.
Par ailleurs, la Société des Journalistes (SDJ) de l’hebdomadaire proteste contre la publication dans le numéro du 17 septembre 2008 d’une photo retouchée du pape avec le président: un garde du corps présent a été enlevé partiellement, il en reste une jambe. La SDJ a notamment déclaré: "L'altération des photos déforme la réalité et doit être, en ce sens, strictement interdite"... "Seules les techniques traditionnelles de cadrage, de réajustement des contrastes, des échelles de couleurs, sont tolérées"... "Les nouvelles technologies qui permettent la manipulation des images rendent plus ténue la ligne qui sépare les faits de la fiction". Déjà en août 2007, le même hebdomadaire avait fait disparaître les bourrelets (poignées d’amour) du président. (France Culture / Jean-Marc Morandini / Le Post)
 
28 septembre 2008 : Diffamation de la police: le parquet se pourvoit en cassation contre le rappeur relaxé.
Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété.” Après six ans de procédure, le rappeur Hamé du groupe “La Rumeur“ a été relaxé le 24 septembre 2008: la cours d’appel de Versailles a considéré que ses propos publiés dans un fanzine en 2002 n’étaient pas diffamatoires envers la police. Mais pour la seconde fois, le parquet vient de se pourvoir en cassation."La particularité de cette affaire, hors norme c'est que la plainte a été déposée par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, qui semble en faire une affaire personnelle", a estimé l'avocat du rappeur. Le marathon judiciaire continue. Qui aura le dernier mot? (AFP, Rue89).
 

1er octobre 2008 : Ardeurs cinématographiques et censeurs.
Après le “Dictionnaire des livres et journaux interdits par arrêtés ministériels de 1949 à nos jours”, voici un nouvel opus monumental, réjouissant et instructif: “Cinérotica”. Il s’agit à la fois de la première encyclopédie et du premier dictionnaire du cinéma érotique et pornographique français (plus de 1500 pages). Le corpus porte sur 1 700 films (16 et 35 MM), mis en fiche (générique, distribution, élucidation des pseudonymes, résumés des scénari) avec en prime les commentaires de la commission de censure qui les a visionnés. «La musique de Beethoven qui sert souvent de fond sonore à ce film pornographique ne saurait empêcher qu’il soit interdit aux mineurs. » Résultat de dix ans de travail (encouragé par le Centre National du livre) d’une équipe de chercheurs réunis autour de Christophe Bier, “Cinerotica” sera livré sous forme de magazine chaque mois, pendant deux ans chez les marchands de journaux.
(Siné Hebdo, n°4)


Le jour se lève de Marcel Carné (1939) avec Arletty,
dans un plan coupé par la censure.
 
3 octobre 2008 : Obligation de silence.
Suite à l’ entretien paru le 1er octobre dans LExpress, le juge d’application des peines (J.A.P.) de Paris a suspendu le régime de semi-liberté de Jean-Marc Rouillan, dans l’attente de la décision de justice sur le fond qui aura lieu le 16 octobre. Cofondateur avec Nathalie Ménigon du groupe de lutte armée Action Directe, Jean-Marc Rouillan a été condamné en 1987 à la prison à perpétuité, pour les assassinats de René Audran (ingénieur général de l’armement au ministère de la défense), de Georges Besse (ancien PDG de Renault). Depuis décembre 2007, il travaillait en journée dans la maison d’édition marseillaise Agone et rentrait le soir à la prison des Beaumettes. Rouillan considère avoir respecté les obligations liées à son régime de semi-liberté: payer ses dettes, ne pas porter d’arme, ne pas évoquer les faits pour lesquels il a été condamné. Dans toutes ses précédentes déclarations, Rouillan, qui se définit comme “un communiste insurrectionnel” a toujours maintenu que “la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire”. Il avait récemment annoncé son intention de rejoindre le Nouveau Parti Capitaliste, lancé par Olivier Besancenot. Écrivain, il a notamment publié : Je hais les matins, Denoël, 2001 - Lettre à Jules, Agone, 2004 - Le Capital humain, L'arganier, 2007 - Chroniques carcérales (2003-2007), Agone, 2008. (L’Express - Libération )
 
 
 
4 octobre 2008 : Création et Internet.
Dans le cadre du projet de réforme du marché européen des télécoms, le Parlement européen vient d’inclure deux amendements: l’un propose qu’”aucune restriction des droits et libertés des internautes ne puisse être imposée sans une décision judiciaire préalable”; l’autre souligne que les règles européennes “n’exigent pas des fournisseurs qu’ils contrôlent les informations transmises par l’intermédiaire de leurs réseaux”. De son côté, le Parlement français examinera en novembre le projet de loi “Création et internet”: il vise à lutter contre les téléchargements illégaux de musique ou de films et prévoit notamment comme sanction contre les “pirates” , “une suspension de leur abonnement Internet de trois mois à un an”. Selon la ministre de la culture, Christine Albanel, “Le fait d’être privé de connexion internet ne constitue pas une privation d’une liberté fondamentale”. (Directmatinplus)
 
5 octobre 2008 : Menace sur les radios associatives.
Le passage au format numérique menace l’existence des radios associatives, sans publicité ni profit. Il représente un coût considérable pour ces radios non commerciales : investissement en matériel, formation à la nouvelle technologie, et double diffusion (sur la bande FM et sur la bande numérique) à assurer pendant plusieurs années.Pour que la radio ne devienne pas un outil technologique discriminant, un collectif regroupant des radios de catégorie A demande “que la bande FM soit maintenue sur le long terme ; que le passage au numérique n’occasionne aucune suppression de radio associative non commerciale ; que soit réservée sur la bande numérique une part pour les radios de catégorie A au moins égale à celle de la bande FM ; qu’une procédure de déclaration d’intérêt soit mise en place immédiatement pour les radios de catégorie A émettant actuellement en bande FM, leur garantissant une priorité sur l’ensemble des appels à candidatures (et non seulement le premier), qu’elles puissent effectuer la transition vers le numérique quand elles le souhaiteront ; un doublement de l’approvisionnement du FSER, une subvention couvrant les frais d’équipement et d’exploitation numériques, et l’adoption en France du must-carry, c’est-à-dire l’obligation de diffusion gracieuse et équitable des radios associatives non commerciales par les radios de service public et commerciales.” (Le Monde)
http://radiosenlutte.free.fr
 
 
8 octobre 2008 : Réalités de la vidéo surveillance.
Le chef de la police municipale de Fréjus (Var) vient d’être suspendu, à titre provisoire, par le maire pour avoir divulgué un enregistrement de vidéo surveillance. (Var Matin) - Les joueurs de “L’île de la tentation”, mis à disposition constante et filmés 22h sur 24h, étaient en fait des salariés. Après les prudhommes et la cours d’appel de Paris, c’est ce que vient de confirmer le fisc qui considère que la société de téléréalité W9 a toutes les caractéristiques d’un véritable employeur: elle avait “le pouvoir effectif de révoquer un candidat ... de manière tout à fait discrétionnaire”, choissant “les
moments à intégre
r” de manière à orienter les choix du public. À ce titre, les sommes “gagnées” sont imposables: le “vainqueur” d’ il y a trois ans devra reverser 64 000 euros à l’administration fiscale. (Le Canard enchaîné)
 
10 octobre 2008 : Exhibition sexuelle d’un rocker à Montereau.
Le 7 juin 2008, lors du festival "Montereau Confluences", le chanteur du groupe de rock "les Locataires", Eric Thévenoux, alias "Manu le Moqueur", avait insulté publiquement Yves Jégo, député-maire et secrétaire d’État à l’Outre-mer, le traitant d'"enc..." puis il s'en était pris à l'UMP et aux artistes qui votent pour ce parti. Finalement il s'était déshabillé, "devant une foule de près de 10.000 personnes comprenant de nombreux enfants", fait remarquer M. Jégo. Le chanteur, qui présentait un taux d'alcoolémie de 2,30 grammes d'alcool par litre de sang, avait aussitôt été placé en garde à vue. Le tribunal correctionnel de Fontainebleau l’a reconnu coupable d'exhibition sexuelle et l’a condamné à une amende de 500 euros. Il l'a en revanche relaxé du chef d'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. (AFP - Le Figaro)
 
11 octobre - 14 octobre 2008: “Délit d’opinion, de la clandestinité à l’autocensure” dans le cadre de l’édition 2008 d’ “Écritures et résistances ” proposée par la bibliothèque Elsa -Triolet (Ganges, 34)

 
14 octobre 2008 : Déprogrammation d’un concert de reggae pour le motif d’homophobie.
Le maire de Vitry-le-François (Marne) a annulé le concert du chanteur jamaïcain Anthony B, programmé le 12 octobre à l’Orange bleue (SMAC, Scène des Musiques ACtuelles). Cette décision s’appuie sur la loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004 portant création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité; elle prévoit notamment la “mise en oeuvre de l'action publique en cas de diffamation ou d'injure commise envers un groupe de personnes en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle”.
Le directeur de l'Orange bleue, abasourdi, a déclaré à la presse locale:”Ma programmation est connue depuis le mois de juillet. Quand je programme un groupe, j'écoute ses morceaux et je regarde la qualité artistique. Les textes que développent Anthony B sur scène ne sont pas homophobes. Il ne figure même pas sur la liste noire des artistes en Angleterre”. Dans un communiqué du 13 octobre, il précise qu’il a transmis à la mairie une attestation du représentant de l’artiste certifiant qu'Anthony B “n'a aucun propos discriminatoire ou homophobe lors de ses concerts, ni dans aucune chanson de son répertoire ou de sa discographie”. Il rappelle que les concerts de l’artiste qui se sont déroulés la semaine dernière à Paris, Caen, Montpellier, Lyon, Massy n'ont à sa connaissance suscité aucune réaction d'association de défense des droits des homosexuels:“Il est regrettable de traiter tous les artistes de reggae dance hall de la même façon sous prétexte d'être jamaïquain. Les problèmes d'homophobie de certains de ces artistes doivent faire l'objet d'un réel débat sans amalgame et de façon démocratique”.
Concernant l’annulation du concert, il déclare n’avoir pas été consulté par la mairie.
De son côté, l’agent de l’artiste regrette dans un communiqué que “des autorités publiques telles qu’un maire et un sous-préfet puissent prendre des décisions de ce type uniquement sur le fait de rumeurs diffusées par e-mail par un collectif ne laissant aucune coordonnée, sans vérifier aucune source et sans laisser à la personne incriminée le moindre droit de réponse.” Il précise que “Ce genre d’action infondée risque plutôt de discréditer les associations de défense des droits des gays et lesbiennes, d’autant qu’une structure comme la nôtre agit également pour faire respecter la loi en vigueur à ce sujet et faire comprendre aux artistes jamaïquains avec lesquels nous travaillons combien il est important de respecter toutes les communautés quelles qu’elles soient.” Le chanteur qui avait joué le 11 à Zurich (Suisse) devant huit cents personnes a joué le 13 octobre à Metz. Sa tournée en France continue.
(L'Union- Champagne Ardenne Picardie - L'Ardennais / AFP )

 

 
15 octobre 2008 : Représentations annulées faute de visas (Marseille).
Alors que Marseille est désignée “capitale culturelle 2013” avec un axe fort sur la Méditerranée, seuls trois des dix-huit membres du Théâtre National d’Algérie, dont son directeur le dramaturge M'hamed Benguettaf, ont obtenu leur visa pour la France. Le TNA devait donner une vingtaine de représentations à Marseille, du 14 octobre au 8 novembre; il devait jouer au Théâtre de Lenche, quatre pièces de son répertoire, dont trois en arabe et l'une en amazigh (berbère). Selon le consulat général de France à Alger, aucun refus n'a été opposé aux comédiens du TNA: les dossiers seraient “incomplets” et auraient “été déposés tardivement". (AFP - La Provence)
 
15 octobre 2008 : Orhan Pamuk, vivant, à la Foire du livre de Franfort.
Invité à faire un discours lors de la cérémonie d’ inauguration, le prix Nobel de littérature 2006 a constaté que “ le penchant de l'État turc pour l'interdiction de livre et la sanction des auteurs continue malheureusement.” Il est revenu sur l'article 301 du Code pénal qui interdit toute insulte contre l'identité turque, sous peine de représailles judiciaires immédiates et exerce une continuelle pression sur les journalistes et écrivains. Il a dénoncé la politique repressive de l’État turc qui limite la liberté d’expression et interdit sur internet l’accès à de nombreux sites. La Turquie est l’invitée d’honneur de la 60ème édition de ce qui est, avec 7 000 éditeurs présents, le plus grand rendez-vous au monde de l'édition. Pour rappel, en février 2007, Orhan Pamuk avait dû quitter la Turquie et s’exiler, suite à l’assassinat du journaliste Hrant Dink par un militant ultranationaliste. Sur Pamuk et la Turquie, voir aussi Prix Tartuffe 12 octobre 2006, 19 janvier 2007, 30 avril 2008.
 

16 octobre 2008 : Salman Rushdie, vivant, à la Cité du livre (Aix-en-Provence)
Sir Ahmed Salman Rushdie est l’invité d’honneur de la Fête du livre d’Aix-en-Provence (17-19 octobre 2008). Il viendra présenter son dernier livre “L’Enchanteresse de Florence”. Cette année,"Les Enfants de Minuit", Booker Prize 1981 (prix littéraire équivalent en Grande-Bretagne du prix Goncourt) a été désigné, meilleur Booker Prize de tous les temps. Auteur d'origine indienne, Rushdie a passé de longues années dans la clandestinité, sous protection policière, pour avoir écrit en 1988 les "Versets Sataniques": l'imam Khomeiny avait jugé le roman blasphématoire envers l'islam et avait prononcé le 14 février 1989 une fatwa condamnant à mort l’écrivain.
Pour rappel, en 1991, le traducteur japonais de Rushdie Hitoshi Igarashi a été poignardé et tué à l'université de Tsukuba, où il enseignait; son traducteur italien a été battu et poignardé à Milan. En 1993, à Oslo, on a tiré sur son éditeur norvégien, William Nygaard, qui a été gravement blessé. Trente-sept personnes sont mortes en Turquie lorsque leur hôtel à Sivas a été incendié par des manifestants qui visaient le dramaturge et romancier Nusret Aziz Nesin, son traducteur turc. Le livre a fait l’objet d’autodafé en Angleterre, Égypte, Iran...

http://www.citedulivre-aix.com/Typo3/fileadmin/documents/Expositions/rushdie/credits.htm

 
 
16 octobre 2008 : Nouvelles menaces de mort contre l’écrivain Roberto Saviano.
Les menaces de mort proférées depuis deux ans à l’encontre de l’auteur de “Gomorra” se font de plus en plus précises. Le plan de la Camorra pour l’assassiner serait entré en phase opérationnelle, après le vote à l’unanimité des familles du cartel des Casalesi: selon l’information donnée à la direction antimafia de Naples par le repenti Carmine Schiavone, il s’agirait avant Noël de télécommander l’explosion du véhicule transportant l’auteur et son escorte, lors d’un de ses fréquents déplacements sur l’autoroute Rome-Naples. “Gomorra” s'est vendu à 1,2 million d'exemplaires en Italie et a été traduit en 42 langues. "Ce sont les lecteurs qui menacent les patrons du crime, pas moi" déclare Saviano. Son livre a été adapté au théâtre par Mario Gerlardi. L’ adaptation cinématographique de Matteo Garrone présentée au dernier Festival de Cannes est candidate aux prochains Oscars. (Corriere della sera)
http://www.robertosaviano.it
 
17 octobre 2008 : Diffamation et espionnage autour d’un drôle de pistolet.
Antoine Di Zazzo - PDG de la société SMP Technologies qui a le monopole de la diffusion du Pistolet à Impulsion Électrique pour la police nationale, la gendarmerie, les polices municipales, a été interpellé par les enquêteurs de l’inspection générale de la police nationale (la police des polices) et la brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP). Suite à sa garde à vue, il a été mis en examen, jeudi 16 octobre, pour "violation du secret professionnel, accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données, détournement de finalité de données, divulgation intentionnelle de données confidentielles". Il lui est reproché ainsi qu’à six autres personnes (le patron d'une petite société d'”intelligence économique”, son adjointe, un douanier, deux policiers et un intermédiaire ) d'avoir fait filocher pendant plusieurs semaines l’homme politique Olivier Besancenot et sa famille.
Cette affaire d’”espionnage” est mise en rapport avec une autre affaire. Olivier Besancenot doit comparaître lundi 20 octobre devant la 17ème chambre du tribunal de Paris où il est poursuivi en diffamation par Antoine Di Zazzo: sur Canal+ en 2006, le postier avait eu ” l’imprudence” de citer les chiffres d’ un rapport d’Amnesty International et de déclarer : “le problème de ce petit pistolet, qui a l’air d’un jouet tout simple et très sympathique, c’est qu’il a déjà causé des dizaines de morts aux Etats-Unis”.
(L’Express - Libération- Le Canard enchaîné)
 
18 octobre 2008 : Piqué au vif, le président épingle un manuel vaudou.
L’ avocat du président de la République française a mis en demeure la maison d’édition K&B de retirer immédiatement de la vente le “Manuel vaudou Nicolas Sarkozy”. L'Élysée, qui a confirmé l'information, entend ainsi dénoncer "l'utilisation de l'image du président à des fins commerciales".
En vente dans les librairies depuis le 9 octobre, ce livre court (51 pages) de Yaël Rolognese, se veut “humoristique et interactif”. C’est une biographie (de plus ) de celui qui fut élu en 2003 par le Journal de Mickey “plus bel homme de la galaxie intersidérale, devant Albator et Snoopy”. Particularité: elle est présentée dans un coffret bleu, contenant une “poupée vaudou” du président et douze épingles. Le mode d’emploi de quatre pages suggère: “Votre voix s’est perdue dans les urnes ? Essayez la magie noire…”.
À défaut de guérir le corps social, ce type d’acupuncture aurait-t-il un effet relaxant ? Dans la lignée de “Pif Gadget” et ses haricots sauteurs du Mexique, la poupée du président va-t-elle devenir après Noël un objet-culte dans les cours de récréation? Une version rose (pour les filles?) est également en vente. Elle est consacrée à Ségolène Royal. (Le Parisien)
 
 
20 octobre 2008 : Descente de police chez l’imprimeur pour empêcher la sortie d’un livre (Algérie)
Pourra-t-on trouver “Le journal d’un homme libre” au prochain Salon international du livre qui doit se tenir à Alger du 27 octobre au 5 novembre 2008 ? Il y a matière à en douter: selon son auteur, l’ écrivain et journaliste Mohamed Benchicou, la police est intervenue directement dans l'imprimerie Mauguin de Blida saisissant tous les documents en rapport avec le livre et ordonnant au responsable de l'imprimerie d’en stopper l'impression. En 2004, suite à la parution de son livre “Bouteflika, une imposture algérienne”, Benchicou avait été condamné à deux ans de prison, “Le Matin” - journal dont il était le directeur, avait été “suspendu”. En 2007, “Les geôles d'Alger” (éditions Riveneuve, préface de Gilles Perrault) témoignage sur son enfermement à la prison d'El Harrach, avait été retiré du Salon du livre d'Alger. Dans son nouveau livre, Benchicou raconte sa vie depuis sa sortie de prison le 14 juin 2006 jusqu'au 14 juin 2008. Le Matin continue son existence sur internet. (El Watan)
http://www.lematindz.net
 
 
21 octobre 2008 : Renforcement de la vidéosurveillance policière à Paris.
1 226 nouvelles caméras de police (25 à 93 caméras selon les arrondissements parisiens) scruteront la voie publique à partir de 2010. Ce réseau installé et géré par une entreprise privée (“qui n’aura pas accès aux images enregistrées”) et « loué » à la Préfecture de police, pourrait coûter entre 65 à 80 millions d'euros. D’ici là, la Préfecture de police poursuit ses négociations avec d’autres partenaires utilisant la «vidéoprotection» (grands magasins, musées, centres commerciaux) afin d’avoir accès à leur réseau. C’est déjà le cas pour les 9 500 caméras de la RATP et de la SNCF ou les 114 caméras du Parc des Princes. (Le Parisien)
 
22 octobre 2008 : Rapport de RSF sur la liberté de la presse dans le monde: la France fait moins bien que le Mali et recule au 35ème rang.
De perquisitions de locaux de médias en gardes à vue de journalistes, en passant par la création de nouveaux délits de presse, la France ne cesse de rétrograder dans le classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse dans le monde. 11 ème en 2002, 19 ème en 2004, 30ème en 2005, elle se positionne en 2008 à la 35ème place, après le Luxembourg, l’Estonie, la Namibie ou le Surinam. Depuis deux ans, la France “détient le record européen en nombre d’interventions policières ou judiciaires liées au secret des sources, avec cinq perquisitions, deux mises en examen et quatre convocations de journalistes. Le placement en garde à vue de Guillaume Dasquié (geopolitique.com) par la Direction de la surveillance du territoire (DST) en décembre 2007, les perquisitions et la mise en examen d’un journaliste d’Auto Plus, prouvent que la protection du secret des sources n’est toujours pas garantie au "pays des droits de l’homme".”
Pour consulter la totalité du rapport de RSF:
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=28999
 
23 octobre 2008 : Menaces sur l’indépendance de la télévision publique française.
Après avoir annoncé sa volonté d’enlever aux chaînes publiques de télévision à partir de 2009 les recettes financières de la publicité, le gouvernement propose au Parlement que le président de France Télévisions soit nommé, comme il y a quarante ans, par le chef de l’État et ne dément pas, par ailleurs, les rumeurs d’un plan de licenciement qui toucherait le personnel (journalistes, techniciens...) de France Télévisions. (Le Canard enchaîné)
 
23 octobre 2008:il y a 50 ans, le Nobel de littérature à Boris Pasternak.
Début 1956, Pasternak adresse le manuscrit du “Docteur Jivago” à trois revues soviétiques (Literatournaïa Moskva, Znamia et Novy Mir) en même temps qu’il le fait passer en Italie, où l’éditeur Feltrinelli le publie le 23 novembre 1957. Pour la première fois depuis 1929, le monopole du Parti communiste sur la production littéraire soviétique est contourné. Pasternak avait discrètement mis en garde Feltrinelli de ne tenir compte d’aucune correspondance qu’il recevrait de lui en russe, mais seulement en français ou en allemand, prévoyant que le pouvoir soviétique allait faire pression sur lui pour qu’il retire son manuscrit - ce qu’il fit effectivement par l’intermédiaire de Sourkov. Le 23 octobre 1958, le prix Nobel de littérature est décerné à Pasternak. Exclu de l'Union des écrivains soviétiques, privé de tout moyen d'existence légal, menacé d'exil, il devra refuser le prix. Il décèdera d’un cancer à Pérédelkino en 1960. Sa compagne Olga Ivinskaïa, qui lui a inspiré le personnage de Lara et qui en 1949 avait été condamnée à huit ans de goulag, y sera à nouveau envoyée pendant quatre ans, avec leur fille Irina. L’affaire du “Docteur Jivago” s’accompagne d’un phénomène nouveau que les autorités ne pourront maîtriser: le samizdat. Des individus recopient, tapent à la machine, photographient des textes qu’ils font circuler “sous le manteau”. “Le Docteur Jivago” ne sera autorisé en URSS qu’en 1988.
 
25 octobre 2008 : Rue Libre, Journée nationale des Arts de la rue.
La deuxième édition de Rue libre, le 25 octobre, sera dédiée à la liberté d'expression dans l'espace public et sera tournée vers les collectivités territoriales. Des cartes postales Rue libre ont été éditées pour inciter les citoyens à écrire à leur maire. La webradio éphémère reprendra du service. (La lettre du spectacle)
http://www.ruelibre.fr
 
 
26 octobre 2008 : Los libros arden mal ou autodafé à La Corogne.
Au moment où l’actuel gouvernement espagnol tente de réouvrir les charniers de la guerre civile, l’écrivain Manuel Rivas fait resurgir dans son dernier roman la mémoire de l’autodafé organisé par les phalangistes, militants profranquistes, sur le port de la Corogne, le 19 août 1936. Un mois après le coup d’État fasciste, quelques semaines après les bûchers de fête de la Saint-Jean, de nouveaux feux étaient allumés. Alimentés par la haine des livres, ils allaient brûler “La République” de Platon, “De la fécondation des orchidées par les insectes” de Charles Darwin, “Quo vadis?”, “Les Misérables”, “Six poèmes galiciens” de Federico Garcia Lorca... Les gens qui jettaient les livres au feu”annonçaient la provenance de la spoliation, comme si les flammes paresseuses avaient besoin d’être stimulées par l’origine de chaque livre: Bibliothèque Germinal! Athénée Culturel Herculino!, Athénée Libertaire Nueva Era! La Torche Gallicienne de la Libre Pensée!”(...) Parmi les livres, ceux venant de la bibliothèque de Santiago Casarès, père de la future comédienne Maria Casarès.
 
27 octobre 2008: Une journaliste poursuivie pour outrage par le Tribunal Pénal International.
Journaliste et ancienne porte-parole de Carla Del Ponte, l’ex-procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), Florence Hartmann a comparu aujourd’hui à La Haye. Le tribunal, pour lequel elle a travaillé de 2000 à 2006, l’avait inculpée fin août pour “outrage à la cour”. Elle est accusée d’avoir livré "en connaissance de cause des informations confidentielles" sur des décisions de la chambre d’appel du TPIY, dans le cadre du procès de Slobodan Milosevic, l’ex-président serbe mort en mars 2006. Pour ces détails donnés dans son livre Paix et châtiment, les Guerres secrètes de la politique et de la justice internationales (éd. Flammarion, 2007), elle risque sept ans de prison et/ou jusqu’à 100 000 euros d’amende.
Derrière ce procès où est questionnée une nouvelle fois la liberté d’expression, c’est aussi l’impartialité de la justice internationale qui est en jeu. Si Hartmann renouvelle dans son livre ses accusations portées contre les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne pointés du doigt pour avoir protégé durant sa cavale Radovan Karadzic, elle révèle un arrangement existant entre le TPIY et la Serbie. Au moment où la Cour Internationale de Justice (CIJ) délibérait sur la plainte déposée par la Bosnie contre la Serbie pour génocide, le TPIY avait refusé,à ses confrères du CIJ, l’ accès à des
documents essentiels en sa possession.Faute de ses éléments de preuve, le CIJ avait conclu, en février 2007, que s’il y a bien eu génocide en Bosnie, la Serbie n’en était pas directement responsable: elle échappait ainsi au paiement de réparations potentielles à la Bosnie. (Le courrier des Balkans - Rue89 - Libération)
 
28 octobre 2008 : Surveiller les surveillants.
Alors que le 16 octobre, jour de la Sainte Edwige, s’organisait partout en France une journée nationale de mobilisation contre la dernière tentative du gouvernement de ficher la population sur simple présomption, le même jour sortait en librairie le premier rapport annuel de l’organisation Big Brother Award-France (éditions Zones / La Découverte). Cet ouvrage récapitule dix ans d’action des Big Brother Awards, en France comme à l’étranger. Il revient sur tous les “prix Orwell” décernés par l’édition française et permet de mieux connaître ces ministres, élus locaux, hauts fonctionnaires, institutions, grands patrons ou petits chefs d’entreprises qui se sont distingués par leur action en faveur de la restriction des libertés publiques, du fichage de la population, de la généralisation de la biométrie ou de la surveillance des salariés. Dressant un bilan des tendances de l’année 2007, il se penche aussi sur l’influence de politiques internationales dans la surveillance globalisée. Le livre offre en outre une "Petite anthologie des lois sécuritaires", liste exhaustive des principales atteintes aux droits fondamentaux contenues dans une quinzaine de textes de lois adoptés depuis 2001. L’ ouvrage est en consultation libre — licence.
Creative Commons — sur le site de l’éditeur.
http://www.editions-zones.fr/spip.php?article80
 
29 octobre 2008: Menaces sur l’indépendance et la crédibilité de l’AFP.
La Fédération européenne des journalistes (FEJ), le groupe européen de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), fait part de son inquiétude suite à l'annonce de la "modernisation" du statut de l'Agence France Presse (AFP)."Si la modernisation des statuts de l'AFP consiste à ouvrir le capital à des société privées alors ce n'est pas une modernisation" a déclaré le Président de la FEJ, Arne König. "L'AFP a un statut et une mission uniques qui lui garantissent son indépendance. Un actionnariat privé remettrait en cause la crédibilité de l'agence, et d'ailleurs il est parfaitement contradictoire de supprimer la publicité à la télévision publique et d'organiser une privatisation rampante de l'AFP, cette dernière participant également à un service public de l'information". À l'heure actuelle la loi de 1957 soumet l'AFP au droit commercial mais son statut l'apparente à une coopérative administrée de façon collégiale par ses clients utilisateurs. L'AFP est considérée comme une agence de référence pour son indépendance tant en France qu'à l'étranger.
La FEJ représente plus de 250 000 journalistes dans plus de 30 pays d'Europe.
 
30 octobre 2008: La police saisit des photos à la FIAC.
Vendredi 24 octobre, le lendemain de l’ouverture au public de la Foire Internationale d’Art Contemporain, des policiers en civil sont intervenus vers 17 heures au Grand Palais, à la demande du parquet de Paris qui s’appuyait sur le fameux article 227-24 du code pénal: cet article, dit Jolibois, du nom du sénateur de droite qui le fit adopter en 1992 sous un gouvernement socialiste, stipule que “ le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 500 000 F d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur”. Les policiers ont saisi la moitié des photos de l’artiste russe Oleg Kulik présentées sur le stand de la galerie XL. Après avoir été décrochées, roulées ou glissées dans des pochettes, elles ont été transférées au commissariat du VIIIe arrondissement. À l’issue de l’ audition des deux responsables de la galerie, aucune inculpation n’a été prononcée. Les oeuvres de Kulik restent saisies: : samedi, la police a fini par les remettre à Martin Bethenod, directeur de la FIAC à condition qu’il les garde sous clés avec interdiction de les diffuser ou de les restituer tant qu’un magistrat n’a pas levé la saisie.
Les photographies de Kulik ont été maintes fois exposées en France depuis 1999. Ami et défenseur des animaux, Kulik est un artiste “cynique” de renommée mondiale. Il a participé à la biennale de Venise, ses oeuvres figurent dans les collections de l'État français. Selon les spécialistes, soit l’affaire est classée sans suite, soit le parquet décide de poursuivre toutes les personnes qui ont participé à la diffusion de ces clichés: à savoir les organisateurs de la Fiac, les galéristes, l’artiste, et même le propriétaire de l’endroit qui a abrité les clichés. Or la Fiac a eu lieu au Grand Palais, une
propriété de l’État. Autant dire que, pour les avocats, il y a 95% de chance que l’affaire s’arrête là. À partir du 24 janvier 2009, Oleg Kulik mettra en scène Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, au Théâtre du Châtelet, à Paris. (AFP - Libération - Le Monde - 20 minutes)
 
 
1er novembre 2008: Un hebdomadaire interdit au Maroc pour “atteinte à l’islam”.
Le numéro 2991 de L'Express daté du 30 octobre au 5 novembre faisait sa couverture avec "Le choc Jésus-Mahomet, leur itinéraire, leur message, leur vision du monde", dossier directement inspiré du livre Le Choc Jésus-Mahomet de Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction. Selon l’article 29 du code marocain de la presse, le ministre de la Communication peut interdire des publications étrangères "lorsqu'elles portent atteinte à la religion islamique, au régime monarchique, à l'intégrité territoriale, au respect dû au roi ou à l'ordre public". L'Express réalise, depuis deux ans, une fois par mois, un supplément "Express Maroc" de huit pages entièrement consacré à la monarchie chérifienne. Afin de ménager la sensibilité religieuse des lecteurs marocains, l’hebdomadaire s’était autocensuré dans son édition internationale en proposant une couverture où le visage de Mahomet est caché, conformément à une tradition islamique. Le magazine sera-t-il aussi saisi en Algérie et en Tunisie? (AFP - L’Express)
 

     

 

     
16 novembre 2008: Une photo refusée par le Musée d’Orsay.
Dans le cadre du salon Paris Photo, la galerie Réverbère présente une photo du “Déjeuner sur l’herbe“ faite par Rip Hopkins et revient sur la
genèse de cette oeuvre. L'image est née d'une commande du musée d’Orsay, où est exposé le tableau de Manet. Pour son 20ème anniversaire (1986-2006), le musée avait ouvert ses portes à cinq photographes de l’ Agence VU’ qui fêtait également ses 20 ans. Gabriele Basilico, Juan Manuel Castro Prieton, Stanley Greene, Richard Dumas et Rip Hopkins avaient eu "carte blanche" pour s'intéresser à l'architecture du musée (Gabriele Basilico), poser leurs regards sur les oeuvres (Juan Manuel Castro Prieto) et les visiteurs (Stanley Greene), aller à la rencontre des conservateurs (Richard Dumas) et des collaborateurs (Rip Hopkins). Chargé de faire une oeuvre avec le personnel, Hopkins décide de donner aux employés "les moyens de s'exprimer" : le photographe fait poser des salariés du musée, chacun choisissant sa pose, ses habits. Ainsi Cyrille, un agent de sécurité, se met en scène devant “Le Déjeuner sur l'herbe”. Cette photo et d’autres seront écartées par la direction du musée qui s’opposera à ce que les photos censurées soient diffusées. (Le Monde)
 
18 novembre 2008, 5 h du matin, sur Arte: “Livres en flammes”, un film d’Henry Köhler.
Le film "Livres en flammes" montre comment, dès mars 1933, la mise en oeuvre du programme hitlérien de purification de l’Allemagne commence dans les bibliothèques du pays...Le 2 avril 1933 déjà, l'Association générale des étudiants (hitlérienne) décide de faire brûler les publications juives en place publique dans toutes les villes universitaires du Reich. Puis arrive le 10 mai...Outre Berlin, dix-sept villes universitaires organisent les bûchers qui doivent faire partir en flammes non seulement les écrits juifs, mais aussi des pans entiers de la littérature allemande ou étrangère relevant, selon la propagande nazie, de "l'esprit antiallemand". Les fortes pluies dans plusieurs régions d'Allemagne entraînent de nombreux reports, si bien que huit autodafés auront encore lieu jusqu'au 19 mai 1933 et le tout dernier le 26 août à Iéna. Mais c'est sans nul doute l'autodafé de Berlin qui marque le plus les esprits. En présence et sous l'autorité de Goebbels, ministre du Reich pour l'Éducation populaire et la Propagande, 70 000 curieux sont réunis en face de l'université Humboldt. 20 000 livres sont jetés au feu, la manifestation est retransmise en direct à la radio, scandée par des slogans soigneusement élaborés d'avance : "Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté du peuple et les idéaux de vie, je livre aux flammes les oeuvres de Marx, Freud, Tucholsky et Ossietzky, Heinrich Mann et Erick Kästner..." Ce soir-là, Goebbels note dans son journal : "En fin de soirée, discours sur la place de l'Opéra. [...] Je suis en excellente forme. Gigantesque rassemblement. À la maison, fatigué, au lit. Dehors, un superbe été commence."(Arte)
Les autodafés nazis sur Arte. Rediffusion mardi 18 novembre 2008 à 5h00
Livres en flammes” d’ Henry Köhler (Allemagne, 2008, 52mn)
 
21 novembre 2008: Bijou indiscret ou un nouveau cas de photo retouchée.
Le mercredi 19 novembre, le Figaro publie une interview de la ministre de la Justice, qui répond aux 534 magistrats qui ont signé un texte de protestation contre elle et qui lui demandent “des excuses publiques”.
L’article est accompagné d’une photo prise par François Bouchon, le 17 juin 2008 au Sénat, lors d'un débat sur la réforme de la Constitution. Sur le cliché original, la ministre portait un bijou au doigt... qui a disparu à la Une du quotidien! Il s'agit de la bague "Liens", de Chaumet; elle est en or gris pavé diamants, avec deux liens pavés diamants et coûte 15 600 euros.
(L’Express)
 
24 novembre 2008: “Livres pillés, lectures surveillés” en France, sous l’ Occupation.
Dans son analyse de la situation du livre durant l’Occupation, Martine Poulain constate l’ augmentation de la pratique de la lecture en bibliothèque à un moment où il devient rare, menacé de disparition. Dès le 8 mai 1940, la bibliothèque de Beauvais est entièrement détruite par les Allemands. Début d’une série de destructions par incendies ou bombardements qui vont continuer jusqu’à la Libération et entraîner la volatilisation de 2,5 millions de livres. La mise en place successive de listes (Bernhard, Otto Abetz) prohibant certains livres de l’espace public est aussi une cause de raréfaction. Les 27 et 28 août 1940, 700 000 livres sont saisis dans les librairies et chez les éditeurs parisiens. Quand ils ne sont pas pilonnés, les livres retirés de la circulation sont brûlés, comme à Angers, où plusieurs autofafés sont signalés. L’interdiction des livres d’auteurs juifs dans les bibliothèques publiques sera suivie de celle des bibliothécaires juifs puis des lecteurs juifs. Parallèlement, les nazis dépouillent systématiquement les bibliothèques privées dont les propriétaires sont des juifs, des hommes politiques, des intellectuels, des franc-maçons. Pillages de la bibliothèque polonaise de Paris, de la bibliothèque Tourguenev, des bibliothèques russes, de la bibliothèque ukrainienne Simon Petlura, de la bibliothèque du Grand Séminaire de Metz...au total 10 millions de livres spoliés seront transférés en Allemagne.Pendant ce temps, le papier se fait rare, peu de livres nouveaux sont publiés. ”Le tirage total durant la guerre atteint 112 millions de volumes, pour 152 au cours de la seule année 1938.”
Depuis avril 1942, la Commission de contrôle du papier d’édition fonctionne comme une commission de censure; elle examine les manuscrits, détermine ce qui est autorisé à paraître: 87% du papier est réservé à l’édition scolaire et aux services allemands.Concernant l’attitude des bibliothécaires, Martine Poulain note: “Il semble qu’ils n’aient, pas plus que les autres fonctionnaires français, manifesté d’opposition explicite à l’ordre et à l’idéologie de Vichy...Personnes modestes, les bibliothécaires sont aussi légalistes, obéissants, respectueux de l’autorité, même lorsqu’elle est illégitime, et affichent un corporatisme, un refus de l’intrusion du politique dans leur exercice qui les conduit parfois(...) à refuser de désigner les manquements graves à l’exercice démocratique. Cette revendication d’apolitisme, illusoire, voire trouble, les conduit de temps à autre à un aveuglement coupable, puique la politique, elle, s’occupe toujours d’eux à un moment ou à un autre.”
 
prix tartuffe 24 novembre "Livres pillés, lectures surveillées" Martine Poulain
 

28 novembre 2008 : Acheter le silence pour cacher une tricherie organisée.
Robert Riblet, auteur du livre “100% des perdants ont tenté leur chance” (co-écrit avec Gilles Delbos, Seuil, 2008) a gagné le procès que lui intentait pour diffamation La Française des Jeux (FDJ). Il y a 7 ans, le retraité découvrait une “tricherie organisée”, que les tickets de grattage de la FDJ étaient vendus par paquets et que dans chaque paquet il y avait un nombre limité de tickets gagnants: un seul lot significatif, un tiers de petits lots pour maintenir l’addiction des joueurs, les deux tiers des billets restants étant perdants. Lorsqu’un paquet a été entamé et que tous les tickets gagnants ont déjà été découverts, il n’y a plus aucune chance de gagner. La probabilité de gagner n'est donc pas uniformisée sur l'ensemble des tickets mais simplement par paquet. Un buraliste pourra donc "aider"
ses amis en ouvrant un nouveau paquet de tickets si celui en cours a épuisé ses gagnants. La Française des jeux vend six millions de tickets à gratter chaque jour, qui rapportent chaque année 3,4 milliards d'euros à l'État. En 2005, la Française des Jeux avait proposé 450.000 € à Riblet pour mettre un terme au litige les opposant. Depuis la FDJ a pris soin de modifier son règlement général et a fait ajouter, au dos des billets, la mention: «au moment de votre achat, certains lots ou certaines catégories de lots ont peut-être déjà été remportés».

 
12 décembre 2008 :"Le Secret de Brokeback Mountain" censuré en Italie.
Diffusé à une heure tardive, lundi soir 8 décembre, sur la chaîne publique Rai Due, le “western gay” du réalisateur taïwanais Ang Lee a été amputé de deux scènes, celle où les deux protagonistes s'embrassent et celle où ils ont leur premier rapport sexuel. Le film qui montre les amours interdites et passionnées de deux cow-boys homosexuels dans l'Amérique profonde des années 1960-1970, a reçu trois Oscars et le Lion d'or à la Mostra 2005 de Venise. À sa sortie sur les écrans italiens, le film avait été interdit aux moins de 14 ans, une mesure supprimée en mai 2007. (Le Monde - Le Figaro)
 

18 décembre 2008 : Il y a quarante ans, interdiction de la pièce d’Armand Gatti “La passion du général Franco”.
L’histoire retient que c’est sous le ministère de la culture d’André Malraux, l’auteur de L’espoir, que la pièce de Gatti qui devait être jouée au T.N.P. (direction Georges Wilson) fut interdite. Après la démission de Jean-Louis Barrault (août 1968), cet acte de censure est un nouveau signe du retour à l’ordre. Elle marque pour Gatti la fin d’un cycle commencé avec sa pièce “Le Crapaud-buffle”, mise en scène en octobre 1959 par Jean Vilar. Désormais Gatti poursuivra son parcours théâtral en dehors de l’institution.


Tract distribué le dimanche 22 décembre 1968, à l’entrée d’une représentation en
matinée par la troupe du T.N.P. à Chaillot de la pièce de Jean-Paul Sartre, “Le Diable et le Bon Dieu”.

Autour d'Armand Gatti et de Mai 68, la Parole errante propose, du 20 novembre 2008 au 14 février 2009, une exposition "Comme du papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée". Dans "Écrire en mai 68", l' un des trois catalogues qu'elle édite à cette occasion, elle revient avec des témoignages, des documents sur l'interdiction de "La passion du général Franco" et publie le texte d'un "impromptu", écrit par Gatti avec les comédiens: "L'interdiction de La passion du général Franco".
http://www.armand-gatti.org/index.php?art=291

 
19 décembre 2008 : Entrave à la liberté de la presse (Lyon)
Deux photographes de l'AFP qui couvraient une manifestation de lycéens, mardi 16 décembre à Lyon, ont été empêchés de prendre des photos par des CRS et des policiers qui ont saisi l'appareil de l'un d'eux pour effacer les prises de vue déjà effectuées. Il s'agit d'un "acte de censure intolérable dans une démocratie" et d'une "atteinte grave à notre mission et au droit à l'information pour tous les citoyens", dénonce l'intersyndicale (CFDT, CGC, FO, SAJ-Unsa, SNJ, CGT et Sud) de l'AFP."Le comportement des policiers (...) n'est que le reflet d'une volonté, au plus haut niveau, d'étouffer les mouvements sociaux et leur retransmission dans les médias", juge-t-elle. De son côté, la Société des Journalistes "s'inquiète de ces énièmes entraves à la liberté de la presse, à un moment où s'accumulent les pressions de responsables politiques de tous bords envers les journalistes". Quand la police sort ses matraques, faudrait-il que les photographes obturent les objectifs
de leurs appareils? Le préfet du Rhône, Jacques Gérault, a ordonné à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) d'ouvrir une enquête qui devra déterminer combien de policiers ont participé à cette censure et s'ils obéissaient à des ordres.(Libé-Lyon /Rue89 /Le Post)
 

20 décembre 2008 : Déprogrammation de la pièce de théâtre “47”.
"47", la pièce de l'auteur malgache Jean-Luc Raharimanana créée en septembre au Centre culturel Albert-Camus d'Antananarivo dans une mise en scène du Français Thierry Bedard ne partira pas en tournée dans l’Océan Indien.Le spectacle qui aborde l'insurrection du 29 mars 1947 à Madagascar - la répression fit des dizaines de milliers de morts - ainsi que la colonisation française, a été retirée des propositions de programmation des centres culturels français. La directrice générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) au Quai d'Orsay, Anne Gazeau-Secret, assure que les raisons du refus de la pièce ne sont pas politiques mais "plutôt financières". "Il y a entre 10 et 30% de restrictions budgétaires pour 2009" fait-elle valoir. Victoire Bidegain Di Rosa, conseillère aux Affaires culturelles internationales de M. Kouchner, estime pour sa part que "le thème du spectacle n'intéressait pas forcément les pays de la région”.
Le Syndeac, principal syndicat de théâtres subventionnés, appelle le Quai d'Orsay à "revenir sur cette décision, qui entache d'un acte de censure la France et le monde francophone".(Libération- AFP-Le Monde)
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article3021

 

Sur la censure et le livre:

http://www.enssib.fr/bibliotheque/dossthem/censure/cenori.html#ancre9708

http://www.ifex.org/layout

http://www.englishpen.org

http://www.thefileroom.org

http://www.livres17.ch
 
 
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